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Le journal de mes nuits
1984 à 2005
extraits

Dr J-M Crabbé

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Le Journal de mes nuits, (R. Laffont 2010), présente 299 rêves personnels choisis parmi quelques dix milles notés entre 1984 et 2005. Cette période d'adaptation à l'inconscient et aux rêves a profondément influencé ma mentalité et de mon mode de vie. Initialement, ce monde intérieur très troublant et obscur est entré en collision frontale avec l'individu presque exclusivement rationnel que j'étais.

Le rêve reste un domaine qui dérange, respecté par les anciens, interdit pendant des siècles, dévalorisé par les religions, la science et la psychanalyse au XX^e siècle. Nous avons donc de fortes résistances à dépasser.

60 à 80 % des rêves sont des rêves "de fatigue, de stress, d'indigestion", ils n'ont guère d'importance. 80 % des rêves nous parlent de notre évolution intérieure, même s'ils empruntent leurs images au monde extérieur et à notre entourage. Il faut étudier des séries de rêves car ils se complètent les uns les autres.

Pendant des années, ce flot continu de rêves étonnants m'a bouleversé, mais je me suis basé sur le travail de CG Jung, j'ai écrit tous ces rêves et je me suis efforcé d'y réfléchir. Au début des années 2000, je me suis senti enfin capable d'y voir clair sans aide.

Un grand nombre de ces rêves concernaient mon évolution personnelle, mon travail de médecin, mes relations extérieures et mon mode de vie, c'est-à-dire l'inconscient personnel. D'autres rêves concernaient l'inconscient collectif, (C.G. Jung), avec des symboles abstraits comme La pierre noire, Une pièce en or avec le chiffre 5 entouré d'un serpent, ou encore un Cheval aîlé comme Pégase. Et il y avait aussi des rêves spirituels avec des figures chrétiennes comme le Christ et Marie.

Cet appartement est proche d'une grande étendue d'eau, c'est-à-dire proche de l'inconscient. L'attitude de ma mère correspond bien à ma démarche consciente. Depuis deux ans je fais le bilan des quinze années qui viennent de s'écouler et je remets ma vie au clair, je me purifie. Ma fonction maternelle élimine les déchets de mon passé, la spiritualité reprend de l'importance et je cherche un nouveau sens à ma vie.

Il se passe alors un phénomène imprévu et terrible. L'énergie nucléaire vient du noyau, du centre, du Soi. Un centre psychique très puissant se manifeste brutalement et détruit tout. Ce rêve décrit un anéantissement de ma réalité, la dissolution de ma conscience par une nouvelle lumière. En pratique, je croyais simplement devoir mettre ma vie en ordre après mon divorce en 1982, mais l'irruption soudaine des rêves bouleverse et fragmente entièrement ma personnalité. Ce rêve montre que je ne peux pas lutter contre un processus qui me dépasse complètement, je dois seulement accepter cette destruction, m'abandonner à ce destin pour que tout aille bien.

En rêve, je demande l'aide de Dieu et j'éprouve immédiatement une sensation de bonheur et de bien-être absolu. Tout se passe comme si, pendant cette destruction totale, mon âme séparée faisait une rencontre avec Dieu.

La rivière est l'image d'un flux psychique inconscient, d'une vie intérieure qui s'écoule inlassablement et varie avec le temps. L'eau claire indique que cette vie profonde est clarifiée, purifiée.

Le poisson représente un contenu vivant de l'inconscient, un ensemble d'idées encore inconnues que j'amène au jour, à la lumière de la conscience claire. Je fais plusieurs rêves de pêche et de poissons à cette époque et ils me semblent bien associés à une période féconde. Quand j'ai été envahi par une multitude de rêves et d'idées nouvelles, je me suis mis à écrire sur la médecine, les AA et les rêves. Il ne s'agissait que de brouillons mais ce que j'ai découvert et compris à cette époque me conduira, vingt ans plus tard, à écrire « Sommeil et rêves » puis « L'échec de la médecine occidentale ».

Ce rêve me fait penser au « roi-pêcheur » de la quête du Graal. Dans cette légende celtique, le royaume de ce personnage étrange dépérit parce qu'il ne prend plus de poisson. Le roi-pêcheur et son royaume stérile ne correspondent pas à un territoire géographique, mais à la conscience moyenâgeuse au début du deuxième millénaire. Depuis des siècles l'Église catholique interdit l'interprétation des rêves. L'évangélisation forcée de l'Europe provoque une rupture entre l'âme des peuples du nord, leurs traditions, leurs mythes, leurs rêves et l'inconscient. Imposée de l'extérieur, la religion chrétienne prive ces peuples de leurs racines psychiques inconscientes. Le roi-pêcheur ne prend plus de poisson parce que ces peuples n'ont plus accès aux richesses de leur âme profonde et ils dépérissent.

À notre époque, la pensée occidentale tente d'échapper à la domination de l'ego et du rationalisme omniprésent. Elle cherche à rétablir, à travers diverses sciences occultes, cette relation perdue il y a fort longtemps avec la psyché profonde et avec l'inconscient. En sens inverse, de nombreux rêves montrent que l'inconscient cherche à briser les murailles du rationalisme, des traditions religieuses dogmatiques et de la chimie moderne pour dialoguer avec la conscience. Malheureusement, depuis un quart de siècle, les psychotropes renforcent considérablement la barrière qui isolait depuis des siècles la psyché consciente de l'inconscient.

La pièce de monnaie en or est synonyme d'une richesse intérieure inaltérable, et la gravure indique l'origine de cette richesse. Le serpent représente la base instinctive et organique de la vie, alors que le chiffre 5 représente la quintessence, la partie transcendante de la vie. Ce rêve fait une sorte de synthèse des deux précédents et il réunit deux domaines que l'on oppose souvent. Ainsi, pour le christianisme, le serpent représente la vie instinctive et animale, soi-disant ennemie de la vie de l'âme alors qu'elle en est la base, le support.

Sur cette pièce le serpent est à la périphérie et il entoure complètement le chiffre 5 au centre. Cette image montre que la vie instinctive est le fondement indispensable de la vie intellectuelle et spirituelle. Le symbolisme de ce rêve est assez proche de celui du feu, qui transforme une matière organique ordinaire en chaleur et en lumière. La vie de l'âme, représentée par le chiffre 5, est comme la flamme, la quintessence de la vie biologique et instinctive. De même, la beauté et le parfum sont la quintessence de la rose et du rosier, que l'on ne peut avoir sans feuilles, sans épines, sans racines, sans terre et sans fumier.

Dans la nature, les plantes et les animaux représentent un certain idéal. Ils obéissent aveuglément à leurs gênes et à leurs instincts. De cette façon, ils sont entièrement fidèles à la volonté de leur créateur. En revanche, chez l'homme, les instincts fondamentaux comme la reproduction, l'alimentation ou la volonté de puissance sont souvent pervertis et asservis aux désirs démesurés de l'ego.

Cette simple image montre que la vie biologique et la vie de l'âme sont indissociables et au service l'une de l'autre. Ce thème est repris avec d'autres exemples dans le n° 239 « Adolescence, féminité et instinct maternel ». La vie spirituelle est la quintessence d'une juste expression de la vie instinctive et des pulsions. Le corps n'est pas l'ennemi de l'âme, il la nourrit comme le bois nourrit le feu.

J'aime beaucoup ce rêve qui rétablit une continuité entre ma vie psychique passée, mon ancien esprit scientifique, rationnel, et ce que je deviens maintenant. En terminale j'étais nul dans les matières littéraires et bon dans les matières scientifiques, surtout en physique. Je comprenais et je retenais facilement les cours, et je me suis inscrit en maths sup avant d'aller à la fac de médecine.

Pendant quelques années, mon esprit scientifique et ma structure logique se sont décomposés sous la pression de mes premiers rêves et d'un monde intérieur irrationnel, traumatisant. Maintenant ce processus s'inverse et mon esprit scientifique s'applique à l'étude de l'inconscient et des rêves comme il s'investissait autrefois dans la physique: la démarche reste la même, mais l'objet a changé.

J'ai découvert le Yi King en lisant « Ma vie » de C.G. Jung et je fréquente ce livre depuis 1984. La version de Richard Wilhelm a été traduite de l'allemand par Étienne Perrot, pour lequel j'avais une grande admiration ! Jung a rédigé la préface de l'édition anglaise de ce livre, traduite dans « Synchronicité et Paracelsica ».

La lecture du Yi King m'a souvent rassuré. Ce livre a été rédigé dans la souffrance et sa Sagesse est intemporelle. Après une journée agitée, le Yi King a sur moi un effet apaisant, presque soporifique.

Mais le Yi King est aussi un livre de divination qui me met mal à l'aise. On pose une question, on lance des pièces de monnaie et on entre dans l'un des 64 chapitres du livre. Même si je sais que la réponse du livre est très indirecte et concerne les arrière-plans de ma situation, cette méthode me laisse souvent perplexe.

Ce rêve est une réponse à mon malaise et à ma perplexité face au Yi King, que j'ai parfois envie d'abandonner. Ma fonction (mon complexe) paternelle interroge et me donne de l'argent, c'est-à-dire de la valeur, de l'énergie. Cette monnaie étrangère est d'abord inutilisable, exactement comme la réponse que me donne le livre. Je dois la convertir, l'interpréter. Le Yi King ne répond pas clairement à ma question, il me donne une énergie intérieure et une sagesse qui m'aideront à résoudre moi-même mes problèmes.

Les billets allemands évoquent aussi la première édition allemande rédigée par Richard Wilhelm, l'influence de Jung, également germanophone, ou encore l'aspect très construit et rigoureux de ce livre et de la sagesse qu'il transmet.

Contrairement aux méthodes divinatoires classiques, le Yi King ne prédit rien, il transmet sa Sagesse à celui qui la cherche : « Les traits montrent le chagrin et la peine ainsi que leurs causes. Tu n'as pas de maître? Approche-toi d'eux pourtant comme de tes parents. »

Enfin un rêve encourageant après une église qui s'effondre, le monstre Hulk et un appartement plongé dans l'obscurité. Cette couche lumineuse constitue une barrière infranchissable, indestructible, et je me sens très protégé.

Cette image ne correspond certainement pas à un phénomène physique. Il me rappelle le rêve n° 10, « Vaisseau extraterrestre », dans lequel je m'étais emparé d'une arme plus puissante que toutes celles qui existent sur terre. Même si le corps est périssable, dans le domaine de la psyché et de l'âme, il en va tout autrement. Le rêve parle encore de la supériorité de l'esprit sur la matière, mon âme est indestructible, inviolable.

Ma relation avec Maryse a ici quelque chose d'irréel et je ne peux pas imaginer de vivre avec elle. En revanche, Maryse est la seule personne avec laquelle je peux parler des rêves et elle vit dans une ferme. Aussi elle personnifie en moi une anima à la fois très proche du monde intérieur et de la nature.

Je déteste la vie citadine que cette société nous impose, j'aspire à une vie simple, inaccessible aujourd'hui parce que tout retour à la Nature est presque impossible, interdit. J'aspire aussi à une autre vie dans laquelle, comme chez les aborigènes d'Australie ou chez les Indiens d'Amérique, la spiritualité, l'inconscient et le rêve auraient une place importante.

Le monde est dans une situation telle que la disparition brutale d'un grand nombre de personnes n'est pas une hypothèse absurde. Avec la pollution omniprésente, les armes nucléaires, la surexploitation de toutes les ressources naturelles, l'asservissement des peuples les plus pauvres, la surpopulation, les guerres du XXe siècle, les épidémies, le monde moderne semble aller vers une catastrophe.

La fin du rêve évoque, comme la deuxième lettre de St Pierre, la venue d'un nouveau monde : « des cieux nouveaux et une terre nouvelle où la justice habite. » 2-Pierre 3:13.

Ce rêve très court est l'un des plus puissants et des plus lumineux de ce travail. Diamétralement opposé au précédent, « Lune sombre », il inaugure un thème récurrent dans mes rêves, celui de la féminité, dans son aspect le plus élevé et transcendant.

Comme dans mon tout premier rêve, la voix que j'entends vient du centre, du Soi. Elle attribue à la femme et à la pureté une importance cosmique. Il s'agit très clairement de la voie de l'Univers tout entier et pas simplement d'une réalisation de la femme ou de l'homme en tant qu'individus.

Une jeune fille pure peut transformer l'univers et le conduire à son accomplissement, lui faire atteindre le but pour lequel il a été créé. Le premier modèle, transcendant, est la Vierge Marie. Ensuite le rêve concerne la femme et sa fonction transcendante, et il s'applique à l'anima de l'homme, à la femme intérieure. Le principe féminin au centre de l'univers et il a un rôle essentiel.

Ce rêve de danger, très inquiétant, a modifié mon attitude vis à vis d'Étienne Perrot et de La Fontaine de Pierre. Jusque-là j'avais des doutes, mais rien de bien clair ne me permettait d'associer mes rêves négatifs avec ce groupe soi-disant jungien.

Le début correspond à la réalité, la Fontaine de Pierre est un groupe, un cercle assez restreint, assez mondain, qui se connaît bien, et totalement centré sur Étienne Perrot. Ensuite l'image du rêve est tout à fait claire. Au centre, il y a ce récipient cubique dont la forme basée sur le chiffre quatre évoque la totalité : Ici, cette totalité est toxique, c'est-à-dire diabolique !

La dioxine est un produit très dangereux, inflammable, toxique et tératogène. Le feu évoque un risque émotionnel, passionnel.

Au sens figuré, les effets toxiques et tératogènes de cette dioxine correspondent à une mort de l'âme et à une créativité difforme, monstrueuse.

J'ai travaillé un certain temps avec Étienne Perrot. J'avais une immense admiration pour sa traduction du Yi King et son engagement jungien, et il se disait soutenu par Marie-Louise von Franz. Mais il y avait chez lui des interprétations de rêves complètement absurdes, contraires aux bases de la psychologie analytique, et même des idées monstrueuses, par exemple son expression très vulgaire « alleluia-merdé ». Jamais C.G. Jung ne se serait exprimé de cette façon, et il y a bien d'autres choses encore. Pendant cette période de travail avec lui, j'avais fréquement des rêves inquiétants, comme le n° 74, « Enfant noyé », dans lequel un enfant rejetait une eau noirâtre, nauséabonde.

Associé à divers avertissements déjà reçus, j'ai fini par admettre que la fréquentation de cette Fontaine de Pierre m'intoxiquait, et que j'étais bien loin de l'héritage de C.G. Jung.

La fin du rêve est très claire, il me conseille de faire des analyses, c'est-à-dire une introspection minutieuse pour découvrir ce qui a été intoxiqué en moi. À partir de là, je deviendrai très prudent prudent et critique, jusqu'à la rupture finale en fin d'année pour recentrer mon travail sur C.G. Jung.

J'ai eu d'autres rêves véritablement diaboliques à propos de La Fontaine de Pierre, et cette séparation a été saluée, confirmée immédiatement par des rêves très encourageants qui compensaient mon isolement. En 1997, grâce à Marie-Louise von Franz, je comprendrai à quel point Étienne Perrot avait perverti le travail de CG Jung.

Cette pierre est un autre résultat positif de mon évolution intérieure, et surtout spirituelle, au cours des deux dernières années. Elle associe le symbolisme de la pierre, solide et durable, avec la couleur bleue, céleste, et avec l'idée de transparence, de limpidité, de pureté. En surmontant les difficultés qui précèdent, et malgré bien des erreurs et des fautes, quelque chose de durable, d'inaltérable et de transparent s'est concrétisé dans mon âme. Cette pierre marque une étape sur mon cheminement intérieur, en particulier grâce à ma rupture avec Étienne Perrot et La Fontaine de Pierre.

L'idée de mort et de renaissance revient de temps en temps dans mes rêves pendant ces premières années. Dans le rêve n° 29, « Jung tête en bas », il s'agit d'une épreuve nécessaire pour voir le monde autrement. Peu après, dans le rêve n° 31, « Cimetière », c'est une étape à traverser dans le silence et la proximité des morts. Dans le rêve n° 98, « Gravité et antimatière », l'eau formée d'antimatière permet d'obtenir une pierre libérée de la pesanteur.

Cette fois, après une mort symbolique d'une semaine dans une sorte de tombeau, il me semble que je suis devenu immortel. Les sept jours de la semaine représentent un cycle avec sept étapes et correspondent aux sept astres les plus importants. Dans la réalité, cette semaine ne correspond à aucune période précise de ma vie et elle s'étend peut-être sur plusieurs années.

La mort concerne l'ego et les composantes les plus matérialistes de ma psyché. J'ai traversé une « nuit obscure » au cours de laquelle le monde extérieur a largement perdu de son importance. Le même processus à l'oeuvre dans le livre de Job et étudié dans le paragraphe n° 301, « Job, l'individuation et les rêves ».

Dans une telle mort on ne peut plus rien espérer et il faut s'en remettre à Dieu. Ce processus se termine par le retour de la lumière, d'une autre lumière. Bien entendu mon corps reste matériel et je ne pense pas vivre éternellement. L'immortalité acquise est celle de l'âme, représentée par la pierre bleue du rêve précédent ou encore la pierre du rêve n° 98, « Gravité et antimatière ».

La nouvelle femme inconnue correspond à une transformation de mon anima. Depuis ma rupture avec Étienne Perrot, le fait de n'avoir plus personne à qui confier mes rêves m'oblige à travailler seul, ce qui modifie radicalement ma relation avec l'anima et avec l'inconscient. L'anima m'offre alors un nouveau visage pour la suite de mon cheminement intérieur.

Ce rêve impressionnant est profondément gravé dans ma mémoire. Il confirme les affirmations de Jung à propos de la fonction de relation de l'anima à l'inconscient et à un domaine spirituel. Cette femme qui ressemble à ma soeur aînée personnifie mon anima, et son poids est équilibré dans un monde invisible par Marie. Maryse représente ici ma propre fonction interne d'analyse des rêves.

D'autres rêves avaient déjà évoqué ce rôle intermédiaire de mon anima avec Marie. Dans le rêve n° 24, « Marie », une anima inconnue se présente comme la messagère de Marie. Dans le rêve n.137, « Astrid et Marie », mon anima « Astrid » m'envoie des cartes dont certaines parlent de Marie.

Ce rêve est en "mode texte" : je ne vois pas cet oiseau de feu, le rêve dit seulement qu'il est dans le ciel, au-dessus du village de ma grand-mère, et je ne sais pas interpréter une telle image ! Le ciel est le monde des pensées, de l'intellect et de la spiritualité. L'oiseau de feu est une créature fantastique, un phénomène extraordinaire, une pensée et un feu dans le ciel, une représentation de la divinité, un peu comme certaines peintures de Peter Birkhäuser (voir cette page dédiée).

Ce rêve fait écho au rêve n° 37 « Médecine », déjà très critique. Pour moi, je ne prends presque aucun médicament. Mes problèmes de santé ont presque toujours une explication et habituellement ils disparaissent quand je mets mes affaires en ordre.

Médecin, je suis réellement dégoutté par cette médecine qui prétend guérir grâce à une multitude de substances chimiques. Les maladies sont très souvent psycho-somatiques et la médecine tente en vain de soigner le corps sans tenir compte de la psyché. De nombreux patients quittent l'hôpital sans aucune guérison, avec une douzaine de médicaments différents à prendre chaque jour et personne ne se préoccupe des effets de tels mélanges. À l'évidence, les laboratoires pharmaceutiques ignorent leurs échecs et minimisent systématiquement les effets toxiques de leurs produits. (25 ans plus tard, c'est encore bien pire!)

Choquant pour certains ! Dès le début de mon travail sur les rêves en 1984, mon travail de médecin m'a confronté à des maladies infantiles graves qui avaient un point commun, un même comportement de la mère. La relation entre l'attitude de la mère et certaines maladies des enfants s'est alors imposée à moi avec force et elle m'a troublé autant que mes propres rêves : je ne pouvais ni m'habituer à cette idée, ni en parler, mais je ne pouvais plus ignorer ce que j'avais observé à de nombreuses reprises.

Dix ans plus tard, je serai à nouveau confronté à ce problème dans un établissement qui accueillait des handicapés moteurs cérébraux. 80 % d'entre eux ils venaient de familles très perturbées, adultères, incestes, etc.

J'ai gardé ce rêve magnifique comme l'un des grands souvenirs de mon départ de Valdahon pour Besançon. Pendant ces deux semaines agitées et épuisantes, il m'a donné de l'énergie et la certitude intérieure d'être sur la bonne route.

C'est le troisième rêve vraiment clair et intense à propos du retour du Christ. Un rêve répété trois fois est un rêve essentiel. Le rêve n° 277 « Le retour du Christ », montre la puissance extraordinaire qui caractérise ce retour. Le rêve n° 289 « Le Machia'h et le Christ », parle de l'attente parallèle des juifs et des chrétiens. Celui-ci parle de l'époque que nous vivons et de ce qu'il faut faire.

Le règne de l'Antéchrist ne fait guère de doute. Certains pensent qu'il s'est incarné dans différents personnages historiques comme Hitler ou Staline. Sur le plan spirituel, le règne de l'antéchrist correspond à une négation généralisée de la présence de Dieu dans l'âme humaine et de sa place dans le monde des hommes. Le règne de l'antéchrist se manifeste aussi dans une volonté commune à de nombreux états de détruire l'Église catholique, ce qui est presque fait. Aujourd'hui Dieu est mort pour un grand nombre d'hommes et de peuples. Dans un orgueil démesuré, l'homme se croit le maître du monde et de son destin.

Ce rêve est relié au n° 51, « La chimère », et au n° 282, « Petite chouette ». Mon départ de Valdahon a accéléré mon évolution intérieure et ma chouette arrive à maturité. Dans ce rêve je ressens vraiment la force redoutable de ses griffes.

La chouette représente en moi un instinct, une aptitude à écouter avec attention et à voir clair dans un monde obscur comme celui des rêves et de l'inconscient. C'est aussi un oiseau de proie, un chasseur aux griffes très puissantes. C'est l'oiseau d'Athéna, la déesse de la Sagesse.

Dans mon rêve, je voulais absolument retourner voir cette statue de plus près, ce qui m'a semblé difficile le lendemain matin à mon réveil. Bien des années plus tard, je suis revenu au rêve lui-même et je l'ai mieux compris. Ce circuit en deltaplane est un parcours initiatique très personnel dans le monde de l'esprit, le monde spirituel. Mon instructeur est un messager de l'inconscient collectif, comme l'homme qui m'accompagnait au tout début de ce travail dans le rêve n° 25, « Le météore ». Il a la fonction de ces anges intercesseurs, de ces messagers dont parle le livre de Job.

Cette immense statue de Marie semble avoir été taillée directement dans la falaise comme les statues de l'île de Pâques, mais beaucoup plus grande, puis déplacée vers l'avant. Le travail ne semble pas tout à fait terminé et dans son dos une sorte de longue jupe de roche la relie encore à la falaise. Il n'y a pas la moindre trace d'une présence humaine. Le rêve décrit un processus semblable au n° 218, « L'avion et la pierre », dans lequel un avion s'extrait d'un sous-bassement rocheux et prend son envol. Cet avion représentait une nouvelle construction intellectuelle ou même spirituelle, l'individuation par le rêve il me semble.

La falaise rocheuse peut évoquer la matière dans laquelle est emprisonnée l'Anima mundi des alchimistes. Elle peut aussi représenter le monde éternel et fixe des archétypes dont parle C.G. Jung. Ce rêve est archétypique et il concerne la psyché collective. Tout se passe comme si Marie était presque libérée, bientôt prête à se révéler au monde. Jusqu'à présent, seule l'Église catholique reconnaît l'existence de tels processus, prête l'oreille à diverses manifestations visionnaires et adapte ses dogmes. Ce rêve annoncerait une nouvelle manifestation de Marie et de la Sagesse.

Devant une telle série de rêves, la méthode d'interprétation des rêves de S. Freud devient inutilisable, et la psychanalyse freudienne ne s'applique qu'à quelques problèmes particuliers de la psyché humaine.

À poursuivre !

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