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L'interprétation des rêves
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La méthode est simple puisque, d'après Freud, chaque rêve est le produit de pulsions sexuelles et violentes refoulées.
Pourtant dans son livre, Freud lui-même refuse de nous dévoiler les véritables associations correspondantes à ces rêves. Nous avons donc de bonnes raisons d'étudier de très près les rêves qu'il a pris comme modèles : qu'a-t-il voulu nous cacher en agissant ainsi ? Pourquoi ne nous parle-t-il pas de ses propres pulsions sexuelles refoulées ?
Pour expliquer l'existence du rêve et son langage étrange, Freud formule trois hypothèses fondamentales :
1 - Pulsions et refoulement : le tout petit enfant male est envahi par des pulsions d'inceste (complexe d'Oedipe), de meurtre (tuer le père) et d'anthropophagie :
"Par un acte cannibale, dévorer le père, les fils s'identifient à lui et s'approprient la force qu'il incarne." S. Freud, Pierre Babin, Gallimard, 1990
Selon Freud, ces pulsions infantiles sont universelles, refoulées très précocément, et elles s'accumulent sous forme de désirs inconscients.
2 - Ces désirs inconscients sont ensuite à l'origine des rêves, qui se produisent pendant un sommeil léger avant l'éveil.
3 - Censure, déplacement et travestissement sont les 3 mécanismes inventés par Freud pour expliquer la formation du rêve et son apparence absurde : il s'agit de cacher au rêveur ses désirs infantiles incompatibles.
Les pensées et les images des journées précédentes, les "restes diurnes", fournissent au désirs qui émergent pendant le sommeil léger un déguisement qui donne au rêve une apparence incohérente.
Selon Freud, le rêve réalise ainsi un désir sexuel infantile refoulé tout en dissimulant au rêveur des pulsions inconciliables avec sa personnalité.
Dans "le rêve et son interprétation", S. Freud explique assez clairement sa méthode d'interprétation des rêves. Il présente quelques rêves personnels et des rêves de patients, et utilise les libres associations pour accéder aux idées latentes et aux désirs refoulés et censurés.
Libres associations : pour Freud, le rêve sert de point de départ à la découverte des arrière-plans psychiques refoulés du rêveur. Le rêveur commente lui-même les images de ses rêves. Peu à peu, il s'en éloigne et en vient à révéler à l'analyste ses arrière-plans inconscients et ses refoulements sexuels.
Censure et déplacement : selon Freud, la censure du désir est un mécanisme destiné à cacher des désirs sexuels. Ces désirs sont "déplacés", remplacés par d'autres images. Avec la censure et le déplacement des images, Freud s'autorise à ignorer le récit d'un rêve et à en interpréter un petit détail comme preuve de l'existence d'un désir sexuel refoulé :
Ainsi, dans n'importe quel rêve, Freud se donne le droit d'interpréter a priori n'importe quel objet allongé et pointu comme une allusion au sexe mâle et d'affirmer que l'ensemble du rêve a une signification sexuelle.
Au début du livre, Freud propose des interprétations de rêves personnels, et il nous confie ses "associations personnelles", ses "idées latentes" nécessaires à l'analyse de ses propres rêves. Or plusieurs chapitres plus loin, page 87, Freud revient sur ses premiers exemples personnels et il informe son lecteur d'une façon inattendue :
" Quand, au début de ce travail, j'ai donné un de mes rêves en exemple d'analyse, j'ai dû interrompre l'inventaire de mes idées latentes parce qu'il s'en trouvait parmi elles que je préférais garder secrètes, que je ne pouvais pas communiquer sans manquer gravement à certaines convenances.
J'ajoute qu'il ne servirait à rien de remplacer cette analyse par une autre car, quel que soit le rêve choisi, je me heurterais en fin de compte à des idées latentes que je ne pourrais pas révéler sans indiscrétion. " S. Freud.
Freud reconnait lui-même qu'il a menti et qu'il a gardé secrètes ses véritables associations, pourtant indispensables, selon lui, à la compréhension des rêves. Donc tout ce qu'il a dit est faux, basé sur des associations inventées pour la circonstance : Freud est incapable d'être clair et honnête avec son lecteur, jetant lui-même le doute sur l'ensemble de son travail.
Les 3 exemples de rêves proposés par Freud présentent alors un nouvel intérêt : chercher à y découvrir ce que Freud cachait à ses lecteurs et tenter de mieux le connaître.
Pour cela, chacun des trois rêves est repris avec un résumé de l'interprétation de Freud, puis réinterprétés en collant au récit du rêve et en utilisant la méthode de Jung. Ces nouvelles interprétations ont d'autant plus d'intérêt qu'elles montrent pourquoi Freud avait refusé de nous confier ses véritables associations et à quoi il pensait vraiment avec ces trois rêves.
Comme premier exemple, Freud rapporte un rêve de l'une de ses patientes :
" Cette dame va au marché en compagnie de sa cuisinière, qui porte le panier. Elle fait sa commande au boucher. Celui-ci répond « cela ne se trouve plus », et il veut lui donner un autre morceau qui, dit-il, est de même qualité ; mais elle refuse et se tourne vers la marchande de légumes. Cette femme lui offre un légume d'aspect singulier, noirâtre et lié par bottes. « Je ne veux pas voir cela, dit-elle, je n'en prendrai pas. » (p. 79)
Dans son interprétation, Freud lui-même se reconnaît dans le personnage du boucher, puis il concentre son attention sur les dialogues et leur associe un incident récent entre la patiente et sa cuisinière :
La veille, cette patiente avait grondé sa cuisinière et lui avait dit : " Conduisez-vous convenablement, je ne veux pas voir cela. "
Freud néglige alors le récit du rêve et prétend que ces quelques mots " ne pas voir " cachent un désir sexuel : "sa patiente aurait souhaité inconsciemment qu'il ait un comportement inconvenant" à son égard. Bien entendu, la patiente n'accepte pas cette interprétation et Freud interprète son refus d'admettre un tel désir (dénégation) comme une preuve de l'existence de ce désir.
Cette "pseudo interprétation" ne repose sur le préjugé initial dogmatique de Freud selon lequel le rêve cache nécessairement un désir sexuel refoulé de sa patiente. Le récit du rêve n'a aucune importance pour Freud et il peut aboutir à la même conclusion avec n'importe quel autre rêve de sa patiente. Freud n'utilise pas le récit du rêve lui-même mais un banal dialogue de la veille pour prétendre que l'ensemble du rêve représente un désir sexuel réprimé.
En se reconnaissant lui-même dans le personnage du boucher, Freud nous révèle son intuition première et il nous ouvre la porte à toute l'interprétation.
Le boucher est une bonne image d'un psychanalyste : pour le patient, l'analyse est bien une méthode pour nourrir sa psyché, et il s'agit souvent de trancher dans le vif. Tout comme on fait son marché une fois par semaine, on va une fois par semaine chez son analyste.
La marchande de légumes est l'anima de Freud : cette présence féminine au coté de "Freud-boucher" représente la partie féminine de la psyché de Freud, sa sensibilité, ses fonctions irrationnelles.
De son coté, la patiente cherche un aliment consistant et de bonne qualité. C'est à dire une "nourriture" destinée à structurer sa personnalité. Sa quête de nourriture est une image de sa recherche psychologique.
La cuisinière avec son panier précise la démarche de la patiente. Elle est active (cuisiner) et réceptive (le panier). Elle est prête à écouter et elle a l'énergie nécessaire pour un tel travail. Donc la démarche de cette patiente est tout à fait correcte et sincère, elle n'a rien à se reprocher.
Tout cet étalage représente Freud et sa théorie : la patiente est avertie qu'il n'y a rien de bon là dedans, la qualité de la viande est incertaine, et les légumes noirâtres n'ont rien d'appétissant.
Ce rêve est un avertissement : l'inconscient de cette patiente rejette ce que ce "Freud-boucher-analyste" propose et en fait une carricature. Ces produits sont de mauvaise qualité et la patiente doit changer de boucherie, donc d'analyste !
Ce message est très clair et on comprend pourquoi Freud nous cache ses véritables associations : En accusant sa patiente d'avoir de mauvaises pensées, il évite de se remettre lui-même en cause.
Il s'agit cette fois d'un rêve personnel que Freud présente pour expliquer sa méthode, mais à nouveau sans nous donner ses véritables associations :
Freud "se voit lui-même assis sur la banquette d'un compartiment de chemin de fer, tenant son chapeau sur ses genoux. C'est un chapeau haut-de-forme en verre transparent."
Freud associe son chapeau en verre au "bec Auer". Il s'agit d'un bec de gaz à manchon breveté en 1885 par l'un de ses amis, qui fit ainsi fortune. Freud interprète son rêve comme un voyage avec son chapeau, "avec sa propre découverte d'une utilité encore discutable". Il y voit sa découverte, l'interprétation des rêves, et son espoir de devenir célèbre.
Freud interprète son rêve comme son désir d'adulte, en réalité bien conscient et non refoulé, de devenir aussi célèbre et riche que son ami Auer.
Contrairement à ce qu'il enseigne, Freud ne considère pas son rêve comme la réalisation voilée d'un désir infantile refoulé. Et pourtant ce chapeau, objet creux et aux bords évasés posé sur ses genoux, pourrait avoir une signification sexuelle (sexe féminin, matrice). Le commentaire de Freud évite tout ce que le rêve a de gênant pour lui-même.
Notre interprétation sur le plan du sujet s'appuie, comme celle de Freud, sur la signification symbolique du chapeau : Le chapeau est un signe d'appartenance à une société professionnelle ou religieuse. "Porter le chapeau", c'est avoir des responsabilités. Très logiquement, Freud met son haut-de-forme en relation avec sa "découverte", l'interprétation des rêves, et avec la nouvelle corporation dont il est le fondateur.
Le chapeau est sur les genoux de Freud, pas sur sa tête. Cette place confirme que toute sa théorie est au niveau du sexe.
Le verre est un matériaux lourd, fragile et transparent. Cela signifie que le fondement même de la théorie de Freud est inadapté et très fragile.
Le voyage en train est à l'image de la vie elle-même, qui est une sorte de voyage. Dans ce voyage qu'est son existence terrestre, Freud emporte cet étrange chapeau.
Ce rêve montre à Freud la nature de sa théorie : Elle est pesante, fragile, transparente, elle ne dépasse pas le niveau sexuel et doit voler en éclats au moindre choc. On comprend mieux pourquoi Freud n'approfondit pas son idée que ce chapeau bizarre représente sa propre découverte.
70 années plus tard, la conception freudienne du rêve est pulvérisée par la réalité scientifique, la découverte de la neurophysiologie du rêve, le sommeil paradoxal.
Le rêve de Freud était en quelque sorte prémonitoire : il lui montrait que sa théorie allait voler en éclats tôt ou tard.
Il s'agit d'un 3e rêve de Freud qu'il présente et nous commente : (Le rêve et son interprétation, p. 68)
"Un jeune homme de sa connaissance, M. H., a été violemment pris à parti, dans une polémique, par un adversaire qui n'est rien moins que le grand Goethe. Les attaques, de notre avis à tous, sont aussi injustes que violentes. M. H., à la suite de cet incident, se voit perdu de réputation. Il s'en plaint amèrement à table d'hôte. Toutefois son enthousiasme pour Goethe n'a subi de ce fait aucune atteinte.
Je cherche, de mon coté, à éclaircir certains points de la chronologie qui me paraissent invraisemblables. Goethe est mort vers 1832. Sa polémique avec M. H. a eu lieu à une époque antérieure... mais à cette époque, H. était un tout jeune homme. En y réfléchissant, il me paraît plausible d'admettre qu'il avait dix-huit ans. Mais je ne sais pas en quelle année nous sommes ; et le reste de mon calcul se perd dans l'ombre. Au surplus, toute cette polémique se trouve dans l'ouvrage célèbre de Goethe : Nature."
Dans son interprétation, Freud ignore à nouveau ses propres désirs infantiles refoulés. Il raconte d'abord quelques événements extérieurs : Ce M.H. a commis quelques écarts de jeunesse et il a un frère malade mental. La polémique est associée à une critique du livre de l'un de ses amis. Enfin le cri "Nature" ressemble à celui de l'un de ses malades, délirant.
Freud conclu que ces absurdités disparaissent en inversant le sens du rêve, le contenu latent devenant Goethe pris à parti par un adolescent. Il refuse de voir en Goethe une image paternelle menaçante et castratrice. Il ignore aussi sa place au milieu de cet étrange conflit et ne se découvre aucun des désirs infantiles refoulés qu'il identifie chez tous ses patients.
Sur le plan du sujet, chaque personnage de ce rêve décrit un aspect de la personnalité de Freud :
Le grand Goethe représente le meilleur de Freud, une dimension intérieure, une valeur et une intelligence qu'on ne peut pas lui contester.
Le jeune M. H. représente un déséquilibre mental tout aussi incontestable chez Freud, à l'origine de difficultés avec des collègues, d'un usage très imprudent de cocaïne, de manifestations psychosomatiques, de malaises imprévisibles, et d'une conception très sombre et maladive de la vie psychique.
le mot Nature représente la solution de ce conflit intérieur. Freud lui-même est partagé, dissocié entre deux tendances psychiques opposées et il lui faudrait écouter la voix du grand Goethe, rester proche de la "Nature".
En faisant du rêve le déguisement trompeur de désirs inavouables, Freud transforme une fonction naturelle en trouble psychique. Freud remplace l'innocence, la simplicité et l'amour de l'enfant par des désirs d'inceste, de meurtre ou d'anthropophagie. Ce regard qu'il porte sur l'enfant est le résultat de sa propre névrose, il projette son déséquilibre intérieur sur le monde extérieur. Ce rêve montre que Freud s'égare et doit revenir à une conception simple et naturelle de la vie psychique et du rêve.
Le rêve décrit un accord général contre le point de vue de Goethe. Cela signifie que Freud lui-même n'adoptera pas le vue naturel représenté par Goethe et effectivement il ignore effectivement le terrible reproche de son propre rêve. En inversant le sens de son rêve, il évite à nouveau de faire son autocritique, comme dans les deux précédents rêves.
Si Freud avait écouté son rêve, il aurait reconnu le rêve comme un phénomène naturel et son travail aurait eu la grandeur et la clarté de l'oeuvre de Goethe.
La deuxième partie du rêve tente vainement d'éclairer l'origine du conflit. Il remonte probablement aux dix-huit ans de Freud lui-même, à la fin de son adolescence, à sa vie d'étudiant et à des écarts de jeunesse. Or Freud a volontairement détruit tous les documents concernants son passé. Il nous cache à la fois son passé et ses vraies idées latentes à propos de ses rêves : Freud cache trop de choses.
Dans "Le grenier des rêves" (Odile Jacob, 1997), le Pr. Jouvet rapporte que les astronautes ne rêvent jamais de l'espace, ni pendant, ni après leurs vols même prolongés pendant des mois. Or Freud affirmait bien autre chose à propos de la formation des rêves :
"Si, recherchant l'origine des éléments du rêve, j'examine ce que me fournit ma propre expérience, j'affirmerai d'abord que tout rêve est lié aux événements du jour qui vient de s'écouler." (S. Freud. L'interprétation des rêves. Presses Universitaires de France, 1967.)
Freud s'est lourdement trompé en faisant de son expérience personnelle une règle générale indiscutable : les événements récents, les "restes diurnes" ne fournissent pas toujours les matériaux des rêves, loin de là.
Par ailleurs, les objets allongés (fusées) et les corps creux (vaisseaux) ne sont pas repris dans les rêves d'astronautes pour censurer (dissimuler) et réaliser des désirs sexuels incompatibles, seule fonction du rêve selon Freud.
Un rêve de vol spatial indiquerait que la psyché du rêveur perd ses attaches avec la vie bien réelle, concrète, et s'évade dans un monde irréel, imaginaire ou spirituel. Un tel "détachement" se produit chez les artistes, les mystiques, les toxicomanes ou les malades mentaux. Ces personnes instables ne pilotent jamais d'engins spatiaux.
Les astronautes ne rêvent jamais de l'espace parce qu'ils disposent de toutes leurs facultés mentales et sont solidement ancrés dans la réalité concrète. Même au cours d'un vol de longue durée dans l'espace, ils gardent une conscience aïgue de la réalité et de toutes les tâches nécessaires à leur survie. Le jour où un astronaute rêve qu'il vole dans l'espace, cela signifie qu'il n'a plus "les pieds sur terre" et il est temps pour lui de prendre sa retraite.
La méthode de Freud est terriblement réductrice et limitée. Dès le départ, elle ignore la distinction fondamentale entre le plan du sujet et le plan de l'objet pour l'interprétation d'un rêve.
Travestissement et déplacement, sont des mécanismes inventés par Freud pour ignorer le sens le plus évident des rêves, les transformer et en donner une analyse conforme à sa théorie. La méthode de Freud devient un délire interprétatif étranger au récit initial.
Les désirs infantiles incompatibles et refoulés, Freud les découvre chez tous ses patients... mais il n'en signale aucun dans l'interprétation de ses propres rêves : sa doctrine, universelle, ne semble pas le concerner, lui et ses propres rêves.
Les exemples de rêves que Freud nous propose ne sont pas convainquant : il ne nous donne pas les véritables associations dont nous aurions besoin et chaque interprétation semble éviter de donner au rêve une autre signification plus évidente et gênante : le rêve du boucher conteste la valeur de Freud et de son enseignement, le rêve du chapeau montre la fragilité de sa théorie, et le rêve de Goethe décrit Freud comme un individu très intelligent, mais mentalement déséquilibré.
Ces trois rêves montrent comment Freud utilise sa théorie sexuelle pour recouvrir l'âme contemporaine du manteau de sa propre névrose.
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